Saxo Q4 Outlook : Cette fois, c’est différent
COMMUNIQUÉ DE PRESSE – Copenhague, le 5 octobre 2021
Saxo Bank, le spécialiste du trading et de l’investissement en ligne, a publié aujourd’hui ses perspectives pour le 4e trimestre 2021 concernant les marchés mondiaux, y compris des idées de trading portant sur les actions, les devises, les matières premières et les obligations, ainsi qu’une série de thèmes macroéconomiques d’importance pour les investisseurs et les marchés.
« L’ampleur et la nature de la réponse politique à la pandémie montreront que cette fois, les effets en matière d’inflation seront vraiment très différents de tout ce que nous avons connu au cours des dernières décennies »,explique Steen Jakobsen, Chief Economist et CIO chez Saxo Bank, dans l’introduction des perspectives trimestrielles :
« Pour éviter une crise immédiate, la réponse à la pandémie a donné lieu à un stimulus fiscal de l’ampleur d’une mobilisation de guerre, soutenant les revenus de base et les transferts directs de type TMM dans presque tous les secteurs de l’économie. Il s’agissait d’une stimulation massive de la demande à un moment où l’économie était en train de se fermer du côté de l’offre pour faire face au virus. Et même si nous nous libérons de la pandémie, la nouvelle domination fiscale se poursuivra alors que nous devons faire face simultanément à trois défis générationnels : les inégalités, les problèmes d’infrastructure et la politique de changement climatique, ou la transformation verte. »
Les conséquences économiques de cette nouvelle orientation seront les suivantes : un gouvernement toujours plus important, des réglementations plus intrusives, des perturbations de la chaîne d’approvisionnement, l’inflation, l’absence de découverte des prix, un net virage à gauche dans le monde occidental et – dernier effet mais non des moindres – une augmentation de la « canalisation du capital » vers de petites poches de ressources et d’actifs investissables. On pourrait ainsi retourner aux années 1970, sauf que cette fois, tout tourne autour de l’impératif politique de la décarbonisation de l’économie, quoi que cela signifie pour la croissance réelle.
L’ESG est le plus grand projet politique de tous les temps
Steen Jakobsen, Chief Economist et CIO chez Saxo Bank.
La transformation ESG et verte est le plus grand pari politique jamais lancé, et les principales conséquences en seront l’inflation et des taux réels toujours plus bas. Dans ce cas, l’inflation sera liée à l’incapacité du monde physique à fournir l’offre proportionnelle à la quantité d’argent et à la demande, et les taux réels négatifs nous indiquent que l’avenir sera marqué par une faible croissance réelle due à une faible hausse de la productivité.
Deux grandes catégories d’actifs se porteront bien dans un tel contexte : les actifs avalisés par le gouvernement et ceux avec découverte des prix. Cela signifie que les actifs verts et, ironiquement, les matières premières ont les meilleures chances de produire des rendements excédentaires à long terme.
Actions : une mystérieuse dissonance
Peter Garnry, Head of Equity Strategy chez Saxo Bank.
Le plus grand risque menaçant les économies, les marchés financiers et les actions, c’est l’inflation. Elle est capable de bouleverser toute la structure mise en place depuis 2008. Des politiques sont déployées au niveau mondial comme si nous étions confrontés à un choc de la demande, alors que nous faisons actuellement face à un choc de l’offre en raison de la pandémie, du manque d’investissements dans le monde physique et d’une décarbonisation accélérée par l’électrification et les énergies renouvelables. Ces forces exercent une pression énorme sur les prix des matières premières, et nous pensons que la transformation verte combinée à la trajectoire politique actuelle fera le lit d’un supercycle des matières premières, qui durera toute une décennie.
Les actions sont évaluées en fonction de la perfection et d’un monde qui ne changera pas, prolongeant ainsi les tendances des dix dernières années. Mais si cette fois-ci, c’est différent, les investisseurs en actions sont sur le point de connaître des résultats inédits depuis des décennies. Bien que les actions soient chères, il n’existe pas d’alternatives intéressantes pour l’investisseur à long terme. L’inflation et les taux d’intérêt sont aujourd’hui les vrais risques pour les investisseurs en actions, et nous recommandons aux portefeuilles d’actions de réfléchir à la duration des actions et de la réduire maintenant, tant que les marchés d’actions sont calmes.
Obligations : les taux réels négatifs pourraient bientôt s’effondrer comme un château de cartes
Althea Spinozzi, Fixed Income Strategist chez Saxo Bank.
Ce qui a joué en faveur des écarts de rendement des obligations d’entreprises cette année est la reprise économique, où on a vu les bénéfices s’améliorer sur fond de réouverture de l’économie. Toutefois, la tendance pourrait rapidement s’inverser si les pressions inflationnistes deviennent persistantes et si les banques centrales doivent réduire leurs taux plus agressivement que ne le prévoit le marché. Actuellement, le marché n’anticipe pas du tout de politiques monétaires agressives et soutient largement toutes les entreprises, y compris celles dont le bilan est faible.
Si l’on s’attend à ce que l’inflation reste soutenue et que la courbe des taux s’accentue dans un contexte de stabilité monétaire, le secteur bancaire et financier pourrait offrir des opportunités intéressantes. Les banques empruntent de l’argent à court terme pour en prêter à long terme. Dès lors, une courbe des taux plus pentue améliorerait leurs marges d’intérêt nettes. Par ailleurs, les banques continueront de bénéficier de l’environnement de reflation à mesure que l’économie rouvre et que la demande de prêts et d’investissements augmente. Les courtiers financiers et les assureurs en profiteront également, car une économie saine accroît l’activité d’investissement.
Les industries cycliques peuvent également prester dans un tel environnement, et il est important de choisir celles qui peuvent facilement répercuter la hausse des coûts sur leurs clients. Jusqu’à présent, les producteurs de matériaux de base et de matières premières ont pu le faire dans un contexte de flambée des prix des matières premières.
Devises : le dollar américain pourrait pourrir la vie des baissiers avant un renversement
John Hardy, Head of FX Strategy chez Saxo Bank.
Au 3e trimestre, le summum de l’attitude conciliante de la Fed par rapport au reste du monde a été atteint avec le discours de Jackson Hole prononcé fin août par le président de la Fed, Jerome Powell. Celui-ci a vigoureusement défendu la conviction de la Fed que l’inflation s’avérera transitoire et que des progrès supplémentaires seront nécessaires sur le volet emploi du mandat de la Fed avant que celle-ci n’envisage même de lever le pied.
Au 4e trimestre, nous pensons que le marché interprétera la position de la Fed différemment, car elle devrait poursuivre le retrait des mesures d’assouplissement, même douces, décidées lors de la réunion de juin du Comité fédéral d’open market. La masse salariale devrait augmenter de manière significative en raison de la confluence d’une demande criante de main-d’œuvre et d’un nombre record d’offres d’emploi, avec l’expiration début septembre, pour des millions de personnes, des allocations d’emploi liées à la pandémie. Nous espérons sincèrement que le spectre du variant delta, qui a clairement pesé sur le climat boursier au 3e trimestre, s’estompera également, mais notre compréhension de la durée des effets du virus a diminué avec chaque vague et chaque surprise que ce virus nous a réservées.
Matières premières : les rendements réels sont une aubaine pour les marchés en plein resserrement
Ole Hansen, Head of Commodity Strategy chez Saxo Bank
Après une période déjà propice pour les matières premières, nous demeurons optimistes pour le 4e trimestre et au-delà. Le rallye vigoureux observé cette année sur de nombreux produits de base essentiels a été alimenté par l’envolée des dépenses de consommation après le repli économique inédit lié à la crise sanitaire. L’impact des dépenses publiques et des aides des gouvernements en Europe, en Chine et aux États-Unis s’estompant progressivement, le marché a commencé à se calmer. Toutefois, les contraintes de l’offre continueront, selon nous, à soutenir les prix malgré une trajectoire de croissance plus lente.
Nous restons convaincus que la hausse de tous les coûts maintiendra l’inflation à un niveau élevé pendant plus longtemps et, le pic de croissance étant peut-être déjà derrière nous, les perspectives pour les actions semblent plus hasardeuses. Si l’on y ajoute la perspective d’une intervention moins agressive des banques centrales, les bases d’une nouvelle période de demande de valeurs refuges et de diversification pourraient être posées. L’or doit franchir la barre des 1 835 dollars pour renouer avec les investisseurs, et une fois que cela sera fait, le signal d’un retour à un sommet historique aura été donné.
Macroéconomie : la triste réalité de la transition verte
Christopher Dembik, Head of Macro Analysis chez Saxo Bank
La stagnation séculaire actuelle sera difficile à surmonter. Selon nous, rien n’indique à ce stade que la transition mondiale vers une société sans carbone se traduira par une augmentation de la croissance de la productivité et du PIB à long terme.
Les catastrophes naturelles qui ont frappé le monde en 2020 ont servi de signal d’alarme aux gouvernements et au secteur privé sur la nécessité urgente de lutter contre le changement climatique et d’accélérer la transition vers un monde sans carbone. Les entreprises ont investi massivement afin de réduire leur empreinte carbone. Les gouvernements ont débloqué des milliards pour stimuler les investissements dans les énergies vertes. Mais rien n’indique que cela conduira à une croissance moyenne et à une productivité beaucoup plus élevées qu’avant la pandémie. La prédominance des taux réels négatifs indique que la décarbonisation et les investissements durables ont peu de chances d’améliorer la productivité et donc la croissance économique, du moins à court et moyen termes.
Marchés émergents : l’Asie est l’une des rares régions à offrir des taux réels positifs
Kay Van-Petersen, Global Macro Strategist chez Saxo Bank.
Les taux réels négatifs semblent accompagner les marchés développés qui ont perdu la capacité d’avoir une véritable découverte des prix et sont plutôt influencés par une fixation artificielle des prix due à la croissance extraordinaire du crédit.
Aux États-Unis, l’inflation a plus que doublé, passant de +2,3 % en décembre 2019 à +5,3 % en août 2021. Sur la même période, le taux de la Fed est revenu de 1,50 % à 0,00 %, parallèlement à la plus grande expansion de la politique monétaire et fiscale jamais enregistrée.
Pendant ce temps, en Chine, en Indonésie et en Inde, l’inflation a diminué depuis les niveaux d’avant la crise sanitaire. Quant à la banque centrale chinoise, elle n’a jamais baissé ses taux pendant cette crise.
Les marchés émergents asiatiques comptent certains des plus grands marchés obligataires offrant des taux réels. Il s’agit notamment de l’Indonésie (+4,5 %), de la Chine (+2,1 %) et de la Malaisie (+1,1 %), ce qui contraste avec les taux négatifs que l’on trouve aux États-Unis (-4,0 %) et dans la zone euro (-3,7 %).
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