Perspective globale : le prix des actions par rapport à l’inflation et aux matières premières
Par Peter Garnry, Head of Equity Strategy chez Saxo Bank.
Au cours des 15 derniers mois, les actions mondiales ont subi une forte correction par rapport aux matières premières et, sauf erreur, nous devrions nous retrouver dans un nouveau super cycle des matières premières au cours de la prochaine décennie. Les investisseurs doivent comprendre l’allocation des actifs et surpondérer leur exposition aux matières premières. Il est facile de se laisser entraîner par les turbulences à court terme suscitées par les guerres, les publications de bénéfices et les mouvements de prix, mais la situation générale suggère que dans les années à venir, les actions connaîtront une réévaluation spectaculaire par rapport à l’inflation et aux matières premières.
Mardi, les actions européennes se sont redressées à l’annonce, à Istanbul, d’une percée dans les négociations de paix entre l’Ukraine et la Russie. Les propos de la Russie révélant son intention de réduire ses activités à Kiev et la possibilité d’une rencontre entre Zelensky et Poutine ont alimenté le sentiment. Alors que les actions se sont comportées comme des vaches joyeuses voyant de l’herbe fraîche après un long hiver, le marché des matières premières a d’abord été vendeur, mais depuis, le pétrole et le gaz naturel ont envoyé le signal clair que la percée reste lettre morte.
Des actions sans matières premières : un jeu dangereux pour les investisseurs
Les investisseurs se laissent souvent piéger par les turbulences à court terme, et oublient la perspective globale. Avant même le début de la guerre en Ukraine, le monde est rentré dans le mur en ce sens que le monde physique était trop exigu pour soutenir l’énorme demande créée pendant la pandémie. Des années de sous-investissement dans l’énergie et les métaux avaient fini par se résorber. La guerre en Ukraine a amplifié la demande de matières premières, mais le rallye des actions de ces dernières semaines et leur réaction à la paix potentielle de mardi ne correspondent pas à la réalité.
En février 2022, les actions mondiales affichaient un retard de 15 mois par rapport aux matières premières, avec une sous-performance de 24 % des premières par rapport aux secondes. Il s’agit de la plus grande réévaluation relative des actions depuis 2008. Mais, plus important encore : si nous considérons les actions par rapport aux matières premières dans une perspective plus large depuis 1969, nous avons connu deux périodes où les actions ont été réévaluées de manière spectaculaire par rapport au monde physique, à savoir les périodes des années 1970 et 2000, qui ont toutes deux englobé les deux super cycles précédents des matières premières. La période de surperformance épique des actions par rapport aux matières premières comprise entre 2009 et 2020 a été une période historique au cours de laquelle les plus grands moteurs de profit du monde ont réalisé des bénéfices avec peu de matières premières. L’excès de création de richesse a privé le monde d’investissements dans le monde physique, préparant l’économie à un choc massif de contraintes d’approvisionnement. Les dix prochaines années, tout tournera autour du prochain super cycle des matières premières et de la sous-performance des actions par rapport au monde physique. L’évolution des actions pourrait être stable ou en légère hausse comme dans les années 1970, mais par rapport à l’inflation ou aux matières premières, les actions seront sous-performantes.
Il est donc primordial que les investisseurs qui étaient intégralement investis en actions ces 12 dernières années commencent à s’intéresser aux matières premières et à l’allocation des actifs s’ils ne veulent pas perdre toute une décennie.
Les principaux thèmes à surpondérer dans le régime actuel restent la logistique, la cybersécurité, le secteur des matières premières, la défense et la transition verte. Au niveau macroéconomique, les valeurs liées à l’inflation, tels que les obligations protégées contre l’inflation et les matières premières, surperformeront les obligations à rendement nominal et les actions.
