L’énigme des actions : tout dépend de la perspective d’une récession

Par Peter Garnry, Head of Equity Strategy chez Saxo Bank

Les économistes et le consensus s’attendaient à une récession au 4e trimestre de l’année dernière, et même les grands investisseurs tels que Warren Buffett sont restés sur leurs positions malgré une baisse de 20 % des actions mondiales. Au lieu de cela, l’économie a rebondi, libérant les esprits animaux et provoquant un rallye des valeurs de croissance. Récemment, les actions ont absorbé des rendements obligataires plus élevés, ce qui suggère que la sensibilité aux taux d’intérêt a pratiquement disparu. La voie à suivre désormais sera dictée par la capacité de l’économie à poursuivre son rebond ou par le retour des craintes de récession.

Un début d’année en fanfare

En octobre de l’année dernière, le choc des taux d’intérêt a atteint son impact maximal sur les actions mondiales et le consensus s’est orienté vers une récession imminente et vers le fait que l’incertitude inflationniste combinée à une baisse de l’activité économique augmenterait la prime de risque des actions, entraînant leur chute. Le fait que Berkshire Hathaway n’ait rien acheté de significatif sur le marché des actions au cours du 4e trimestre suggère que les investisseurs expérimentés que sont Warren Buffett et Charlie Munger faisaient le même pari : une récession en 2023 offrant en toile de fond une peur sur laquelle capitaliser avec un nouveau grand pari. Les choses ne se sont pas passées ainsi.

Au lieu de quoi les marchés boursiers se sont lentement redressés à mesure que diminuaient les rendements obligataires à long terme et les prévisions d’inflation. Le nouveau discours n’était pas à sens unique, avec un recul en décembre, qui s’est accompagné d’une nervosité accrue à l’égard de Tesla et des cryptomonnaies. Ces inquiétudes ont été mises de côté cette année, avec une hausse de 8,3 % de l’indice MSCI World et un rallye de 27 % des bubble stocks. D’autres segments de croissance tels que le stockage de l’énergie – à propos duquel nous proposerons une note boursière plus longue la semaine prochaine –, les semi-conducteurs et le commerce électronique ont également progressé de 20 % ou plus. Avec un tel début d’année, on peut se demander si la technologie est de retour pour une longue période ou s’il s’agit d’un sursaut à court terme, les positions baissières sur les valeurs technologiques ayant été écrasées.

Notre vision telle que décrite dans notre billet Q1 Equity Outlook : A painful phase transition est que le monde physique continuera de surperformer le monde immatériel, car notre économie mondiale est en train de passer d’une mondialisation sans contrainte à une régionalisation, à un conflit entre deux systèmes de valeurs (États autoritaires contre démocraties libérales), et à la reconstruction de nos infrastructures physiques qui ont été négligées pendant 10 ans au cours du marché technologique haussier. La dynamique à un an de nos paniers thématiques en témoigne, les paniers les plus performants au cours de l’année écoulée ayant été la défense, les énergies renouvelables, les matières premières, l’énergie nucléaire, la logistique, la construction et les infrastructures de transport.

La sensibilité aux taux d’intérêt n’est plus un point d’attention

Une question dont nous avons débattu chez Saxo est la sensibilité aux taux d’intérêt, qui était un thème important l’année dernière. L’une des questions soulevées est la suivante : pourquoi les actions se négocient-elles aux niveaux actuels avec un rendement américain à 10 ans de 3,8 %, alors que l’indice MSCI World était inférieur d’environ 9 % au même niveau de taux d’intérêt fin septembre ?

Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce fait. L’un d’eux est que la sensibilité des actions aux taux d’intérêt a diminué parce que les valorisations des actions sont passées de niveaux très élevés à un niveau juste supérieur à la moyenne historique. Les actions ont également écarté la probabilité d’une récession et donc augmenté les attentes en matière de croissance. Enfin, les esprits animaux ont été libérés, comme le montrent les enquêtes menées auprès des investisseurs privés sur leur optimisme et leur pessimisme – que nous avons mis en évidence dans notre billet boursier The equity market in four charts –, ce qui a réduit la prime de risque des actions. Enfin, les résultats du 4e trimestre ont été meilleurs que prévu en ce qui concerne la pression sur les marges. Alors, où se situe le vrai risque des actions ?

Tout dépend de la perspective d’une récession

Le principal risque lié aux actions est de savoir si nous nous dirigeons ou non vers une récession. Comme nous l’avons écrit à plusieurs reprises au cours des deux derniers mois, les indicateurs avancés aux États-Unis suggèrent qu’une récession est imminente et le modèle de récession américain de Bloomberg a affiché une probabilité de récession de 100 % au cours des 12 prochains mois depuis octobre de l’année dernière. Mais les données économiques restent positives et indiquent en fait une réaccélération de la croissance plutôt qu’une récession, l’économie américaine connaissant un boom du crédit et une amélioration de l’activité de construction, comme l’a souligné Caterpillar lors de l’annonce récente de ses résultats. Maintenant, une réaccélération de l’économie combinée à la réouverture de la Chine est susceptible de soutenir les pressions inflationnistes qui pourraient pousser les rendements obligataires à long terme à la hausse par rapport aux niveaux actuels, mais ce n’est pas un facteur susceptible de faire baisser les actions de 15 à 20 %, à moins que nous n’assistions à une détérioration significative des marges bénéficiaires en 2023.

Les actions sont actuellement évaluées à la perfection dans l’hypothèse d’une réaccélération de l’économie mondiale, d’un ralentissement de l’inflation à 2,5 % en base annuelle, d’un retour de la Chine sur la voie de la croissance, d’une absence d’aggravation des risques géopolitiques et d’une résolution progressive de la crise énergétique. Toutes ces choses peuvent se réaliser en même temps, et il faudra bien que quelque chose se produise à un moment donné, mais pour l’instant, les actions suivent une tendance haussière. Un marché clé à surveiller ici – car il n’est pas en accord avec le récit de la réaccélération –, est le marché des matières premières. L’indice Bloomberg Commodity est en baisse de 4 % cette année et n’a pas réagi positivement à la réouverture du marché chinois.

Peter Garnry

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