Actions nucléaires

Le prochain secteur boursier à surveiller

Par Jessica Amir, Market Strategist basée à Sydney, Saxo

L’énergie nucléaire fait l’objet d’un regain d’intérêt en tant qu’énergie alternative alors que les différents pays du monde s’efforcent de sécuriser leurs approvisionnements énergétiques critiques, et que certains risquent de faire face à une pénurie en cette fin 2022 et en 2023. Analyse d’un secteur, de pays et des entreprises qui sont impliquées.

La demande d’énergie nucléaire a augmenté rapidement du fait qu’elle représente, après l’énergie hydroélectrique, la deuxième plus grande source d’électricité zéro carbone. Les entreprises impliquées dans les alternatives énergétiques propres ont également généré parmi les meilleurs rendements pour les actionnaires sur les marchés mondiaux en 2022.

Dans cette analyse nous examinons le secteur nucléaire, nous dévoilons comment il pourrait évoluer prochainement, quels pays pourraient mener la poussée de l’énergie nucléaire et quelles entreprises sont impliquées.

L’énergie nucléaire assure actuellement 10 % des besoins énergétiques mondiaux, mais on s’attend à ce qu’elle joue un rôle vital dans l’approvisionnement futur en électricité et en énergie. L’énergie nucléaire ayant une empreinte carbone nulle, sa production est compétitive et elle nécessite des ressources limitées. À cela s’ajoute le fait que le monde cherche désespérément des alternatives à la flambée des prix du gaz, du pétrole et du charbon, ou aux coûts élevés des projets d’énergies renouvelables vertes.

Selon l’Association nucléaire mondiale, quel que soit le scénario, l’offre d’uranium devra doubler d’ici la fin de 2040 pour répondre à la demande croissante. Et cela est de bon augure pour les prix de l’uranium et les sociétés d’uranium.

Pourquoi l’énergie nucléaire gagne-t-elle en popularité ?

  1. L’énergie nucléaire ne produit aucune émission de CO. Le nucléaire génère de l’énergie grâce à un processus appelé fission, celle-ci étant la division d’atomes radioactifs pour libérer de l’énergie. La chaleur dégagée crée de la vapeur, qui fait tourner une turbine pour produire de l’électricité. Et tout cela se fait sans combustibles fossiles, ce qui signifie que la qualité de l’air est préservée. ​
  2. L’énergie nucléaire nécessite moins de ressources que l’énergie éolienne ou solaire. Une installation nucléaire moyenne de 1 000 mégawatts a besoin de 2,6 mètres carrés pour fonctionner, alors que les parcs éoliens requièrent 360 fois plus de surface, avec environ 430 éoliennes nécessaires pour produire la même quantité d’électricité. Les panneaux solaires occupent 75 fois plus de surface, avec environ 3 millions de panneaux solaires nécessaires pour produire la même énergie qu’un réacteur nucléaire commercial moyen.
  3. Le combustible nucléaire est extrêmement dense. Il est environ 1 million de fois plus dense que les sources d’énergie traditionnelles. Par exemple, une seule pastille de combustible nucléaire, qui ne mesure que 2,5 cm de haut, fournit la même quantité d’énergie que 2,8 barils de pétrole (120 gallons de pétrole), 1 tonne de charbon ou 481 mètres cubes de gaz naturel. Le nucléaire produit également un minimum de déchets, certains réacteurs nucléaires de la dernière génération pouvant même recycler le combustible usé, de sorte qu’il ne reste plus aucun déchet. À titre d’illustration, l’ensemble du combustible nucléaire usé produit par l’industrie nucléaire américaine en 60 ans tiendrait sur un seul terrain de football de 9 mètres de profondeur. ​ ​
Le combustible nucléaire, la source d’énergie la plus dense. Source : US Energy Information Administration (Agence américaine d’information sur l’énergie) Saxo.

 Quels sont les prochains catalyseurs de la filière nucléaire ? ​

Premièrement, une poussée nucléaire globale est actuellement menée par les États-Unis, le Canada et le Japon qui se concentrent sur l’utilisation du nucléaire comme principale source d’énergie propre. Le forum mondial Clean Energy Ministerial (CEM) réunit des pays qui se focalisent sur l’énergie nucléaire à grande échelle pour la production d’électricité. Les États-Unis devraient soumettre cet hiver au CEM leurs propositions en matière d’utilisation du nucléaire. Il faut dès lors s’attendre à beaucoup plus de nouvelles sur le nucléaire et à plus de battage médiatique autour de cette filière.

Les autres pays associés au CEM comprennent le Royaume-Uni, la Roumanie, la Pologne et l’Argentine, ainsi que les Émirats arabes unis et la Russie. Avant l’échéance fixée, de nombreux pays ont déjà réalisé d’énormes progrès dans l’utilisation ou la planification de la montée en puissance du nucléaire. Face à la flambée des prix de l’énergie, la Pologne cherche à acheter considérablement plus d’énergie nucléaire à l’Ukraine. Pendant ce temps, le Département de l’Énergie des États-Unis (DoE) propose que 80 % des centrales au charbon en exploitation et à l’arrêt soient remplacées par des réacteurs nucléaires, ce qui permettra d’économiser 35 % en capital par rapport à la construction de nouveaux réacteurs nucléaires. ​

Deuxièmement, les États-Unis accélèrent leurs propres initiatives nucléaires dans le cadre de la loi sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act), qui a été promulguée par le président Biden le 16 août. Cela ouvre des opportunités pour les centrales nucléaires et dégage des bénéfices pour les entreprises impliquées dans l’hydrogène, étant donné que les centrales nucléaires bénéficieront d’une série d’avantages fiscaux, y compris des crédits d’impôt, en fournissant de l’électricité aux producteurs d’hydrogène. Les producteurs d’énergie nucléaire bénéficieront également d’un crédit d’impôt à la production.

À ce titre, Constellation Energy (CEG) pourrait être une entreprise à surveiller. Constellation devrait démarrer la production d’hydrogène cette année, une production alimentée par sa centrale nucléaire à New York. Elle a déjà reçu une subvention du Département américain de l’Énergie. L’idée est qu’en utilisant la capacité nucléaire pour créer de l’hydrogène propre, les revenus de Constellation Energy pourraient augmenter. Selon Morgan Stanley, la hausse des bénéfices de Constellation Energy pourrait atteindre 10 %. ​ En prévision de bénéfices plus élevés et de l’information concernant la subvention, les actions de Constellation Energy sont en hausse de plus de 100 % (YTD) au moment de la rédaction de la présente note (15 septembre), assurant ainsi à la société la deuxième meilleure performance du S&P 500 YTD. ​

Troisièmement, en dehors de l’impulsion favorable au nucléaire, il existe aussi des risques dont il faut être conscient et qui pourraient être source d’une certaine volatilité. Le conseiller du gouvernement australien pour les technologies à faibles émissions et ancien scientifique en chef australien a déclaré que l’Australie n’avait pas besoin d’inclure l’énergie nucléaire dans son futur mix énergétique. Pendant ce temps, l’Union européenne souhaite lever 140 milliards de dollars en plafonnant les bénéfices des fournisseurs d’électricité renouvelable et nucléaire, ainsi qu’en taxant les bénéfices exceptionnels des sociétés pétrolières et gazières, et ce aux fins d’aider les consommateurs à payer leurs factures d’énergie. ​

Où se trouvent les plus grandes réserves d’uranium ?

L’Australie possède les plus grandes ressources d’uranium au monde. Cependant, le Kazakhstan a la production mondiale d’uranium la plus élevée ; il est suivi de la Namibie, du Canada et de l’Ouzbékistan. Ces cinq pays assurent la plus grande partie de la production mondiale d’uranium (Association nucléaire mondiale). Alors, qu’est-ce qui empêche l’Australie d’être le plus grand producteur mondial d’uranium ? Le gouvernement de l’Australie-Occidentale a quelque peu freiné l’approbation de nouveaux projets d’extraction d’uranium. L’Australie n’utilise pas d’énergie nucléaire et dépend fortement du charbon, qui assure 60 % de ses besoins énergétiques. L’Australie exporte ainsi 100 % de sa production d’uranium, ce qui représente un quart de l’ensemble de ses exportations énergétiques. ​

La plus grande partie de l’uranium australien provient du Joyau de la Couronne d’uranium, le « Barrage Olympique », qui est le plus grand gisement d’uranium connu au monde. Il appartient à BHP, la plus grande société minière au monde.

BHP exploite l’une des cinq mines d’uranium en Australie. De nombreuses autres mines du pays ont été fermées pour des raisons environnementales. La mine partiellement détenue par Rio Tinto a été fermée en janvier de l’année dernière afin qu’elle soit remise dans son état d’origine. Pendant ce temps, Boss Energy a acheté en 2015 en Australie une mine d’uranium inactive et n’a obtenu que tout récemment, en 2022, l’approbation pour la développer et l’exploiter. En septembre 2022, Boss Energy a foré ses premiers puits sur les 86 prévus dans son projet d’uranium Honeymoon en Australie-Méridionale. ​

Ces problèmes montrent à quel point il est difficile de mettre en service une mine d’uranium et de combler le déficit d’approvisionnement en énergie nucléaire. ​

Sociétés impliquées dans l’énergie nucléaire qui pourraient bénéficier de la poussée nucléaire

Vous trouverez ci-dessous une liste de sociétés d’énergie nucléaire ayant une part importante de leurs activités dans les industries nucléaires ou liées à l’uranium ; allant de l’extraction et du raffinage de l’uranium aux producteurs d’énergie nucléaire et aux exploitants de centrales, en passant par les entreprises impliquées dans la transmission d’énergie et celles qui fournissent les composants et le combustible nucléaires.

La performance du cours de l’action d’une société est généralement fonction de la croissance des bénéfices et des prévisions de croissance future des bénéfices et des flux de trésorerie. En prenant comme exemple les meilleures performances du NYSE et de l’ASX en 2022, nous savons que les sociétés d’énergies fossiles et les autres sociétés énergétiques sont celles qui ont enregistré les plus fortes croissances. Nous pensons que le secteur de l’énergie continuera à présenter de meilleures performances.

Jessica Amir

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